Les Invités au Festin (IAF) sont une expérience innovante d’alternative psychiatrique, humaniste et citoyenne.
Ils créent des lieux d’accueil et de vie non médicalisés, basés sur une vie communautaire, pour des personnes souffrant de troubles psychiques et /ou sociaux, afin qu’elles puissent retrouver leur place dans la société.
La philosophie mise en oeuvre dans cette expérience ouverte et non-stigmatisante, s’appuie sur les 4 principes fondateurs de la démocratie :
- la fraternité et non l’exclusion,
- l’égalité et non l’assistanat,
- la liberté et non l’enfermement,
- la solidarité économique et non l’individualisme.
Elle veut développer la pleine citoyenneté de tous pour un mieux vivre ensemble.
Fraternité
« Vivre avec » plutôt que fossé entre inclus et exclus
Vivre avec, être avec, faire avec : la convivialité est « l’essence même du lien social » (Jean-Claude Sagne).
Hors d’une institution traditionnelle, dans un espace intermédiaire, qui permet le développement des potentialités créatrices de la personne, sans jugement ni hiérarchie afin de lui rendre sa dignité.
C’est une vision positive de la personne, avant tout comme citoyenne et non seulement comme malade.
Ses besoins de sécurité et d’appartenance sont satisfaits, ainsi que celui d’aimer et d’être aimée, d’être reconnue pour qui elle est, dans ce milieu où la fraternité est vécue comme une valeur citoyenne à part entière.
Liberté
Ouverture sur l’extérieur, plutôt qu’enfermement
Ouverture sur l’extérieur, pour ne pas recréer un ghetto qui ne dirait pas son nom, pour la circulation des personnes, des idées, et de la parole dans les 2 sens : intérieur/extérieur, et extérieur/intérieur.
Pour créer une ère de liberté propre à chacun. Pour cette raison, les soins médicaux se font à l’extérieur. Présence de bénévoles. Travail en réseau avec tous les partenaires locaux et régionaux, en particulier les responsables de la Cité.
Égalité
Participation plutôt qu’assistanat
Participation des personnes aux activités et à la gestion de la structure, et non assistanat, pour entrer dans la dynamique de l’échange, la prise en compte de la dette sociale, la découverte que l’on peut avoir une utilité sociale, à égalité avec les autres.
Ainsi retrouvent-elles une identité, et un statut autre que celui d’exclu ou de malade, avec développement des capacités d’auto guérison.
Solidarité
Économie sociale plutôt qu’économie du tout marché
La solidarité : Au niveau financier, modèle de l’économie plurielle au sein de l’économie sociale : Il s’agit de la mise en place de l’économie monétaire (secteurs marchands et non marchands) d’une part, d’autre part de l’économie non monétaire (bénévolat, dons en nature…).
Le bénévolat est assuré pour une part importante par les participants. Ces principes traduisent un travail sur le lien social à ses 3 niveaux : lien avec soi (lieu du sanitaire, du soin), lien avec l’autre (lien communautaire, de proximité, lieu du social), lien avec les autres, lien citoyen, politique (lieu du sociétal).
On sort ainsi du clivage stérilisant entre le sanitaire et le social, qui empêche toute évolution et cohérence dans les prises en charge des personnes.
Or, « la santé psychique est très liée au lien social ; rares sont les structures qui travaillent sur les 3 niveaux du lien social », selon le professeur de santé publique A. Lazarus.